Je suis né en 1977. À cette époque, ni internet ni téléphone portable (mes parents ne possèdent même pas encore de fixe), trois chaînes de télévision, bref, autant vous avouer que la technologie au quotidien est assez loin de nous. Pourtant, l’idée du futur est bien présente ; pour preuve : le centre commercial d’à côté s’appelle Roubaix 2000 ! Oui, je suis né à Roubaix, dans le nord de la France. Ça ne vous fait pas rêver ? Moi non plus, à la base ; pas plus que si je vous raconte que j’ai grandi à Wattrelos. Vous ne savez pas où ça se trouve ? Normal. Néanmoins, je mentirais si je vous dépeignais une enfance malheureuse. Je n’ai jamais manqué de rien. Les étés sur la Côte d’Azur, les escapades régulières à la Panne, les dimanches en familles ; finalement, c’était plutôt cool. Gamin, je vais souvent au cinéma. Avec ma mère, c’est la féérie et la magie : Blanche Neige, Cendrillon, le livre de la jungle, Merlin l’enchanteur, Peter et Eliott le dragon… Je pense que j’ai vu tous les anciens Disney en salle. Avec mon père, c’est l’aventure : James Bond, la Guerre des étoiles, Indiana Jones. Ça forge un univers, vous ne croyez pas ?
Mon autre passion, c’est le dessin. Je dessine très tôt. J’adore ça. J’invente des personnages surtout ; je ne suis pas très doué pour les décors ; c’est plus complexe. Plus je grandis, plus j’aime lire ; surtout des bandes dessinées. Pif gadget, Picsou Magazine… Je m’amuse à recopier les couvertures ; je les montre, j’en suis fier. J’ai l’impression que je sais faire quelque chose. Plus tard, mon frère m’accompagne dans la création ; on crayonne ensemble, on joue ensemble. Le séjour devient un véritable terrain pour créer des histoires.
Et puis, c’est le jeu vidéo. Dans un premier temps, les Game and Watch (je vous l’ai dit, je suis né dans les années 70), mais aussi une console Seb ! Oui, oui, le fabricant de grills. Elle est à mon cousin. En fait, il s’agit d’un simple « pong ». Puis je vois des choses chez les autres : Amiga, Commodore, les ordinateurs de salon émergent. En ce qui me concerne, je commence par un Amstrad CPC 464. À l’époque, mieux vaut être patient, un jeu met au moins dix minutes à se charger (s’il ne plante pas en cours). Ensuite, je m’oriente sur les consoles : Megadrive, Super Nes, 3DO ; grâce à un ami je teste tout : PlayStation, Saturn, Game Cube, Neo Geo, PC engine… La liste est trop longue, mais, ce qui est certain, c’est que sans cette culture du jeu vidéo, du manga ; sans la lecture de bandes dessinées, de romans ; sans les films, sans les séries, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui.
Ce bouillonnement créatif m’a d’abord poussé à vouloir devenir dessinateur de BD. Malheureusement, des mauvaises notes et un manque de courage évident me forcent au redoublement puis à une réorientation vers le général. Malgré un avis défavorable, j’obtiens mon bac de justesse, mais avec un six en mathématique, autant vous dire que je revois mes objectifs. Par chance, je tombe sur une école de communication visuelle. C’est un peu cher, mais mes parents sont d’accord pour emprunter. Là, je constate qu’on peut étudier et travailler avec beaucoup de plaisir. Durant quatre ans, j’apprends le graphisme, la typographie, le design, le développement, l’animation. J’achève mes études brillamment et m’empresse de dénicher un job, sinon, c’est un aller simple vers l’Allemagne, pour un service militaire semi-disciplinaire (Putain ! Mais qu’est-ce que je leur ai fait, moi ?). Heureusement, j’ai bien bossé, je trouve rapidement (ouf !).
S’en suivent huit années, où je découvre la joie du travail en équipe et la sensation d’être pionnier dans un domaine, mais, malheureusement, également, les licenciements, les déconvenues, bref, le monde de l’entreprise.
Je poursuis ma carrière dans une autre agence durant neuf ans. J’y renforce mes compétences créatives, mais aussi managériales. Je vis de belles expériences, d’autres très désagréables, bref, le monde de l’entreprise.
Par chance, la volonté de puissance nietzschéenne continue de m’animer ; je veux me dépasser et, surtout, ne pas me retrouver un jour sur mon lit de mort en me disant : « Je ne l’ai pas fait… » Alors, je l’ai fait. J’ai tout abandonné, dans un unique but : devenir écrivain.